Face à l’explosion de l’e-commerce et dans un contexte d’urgence climatique, la cyclo-logistique s’impose comme une alternative innovante et durable dans la logistique du dernier kilomètre. Les villes, soucieuses de réduire leur empreinte carbone et les contraintes urbaines en leur sein (congestion du trafic, zones à faibles émissions, piétonisation croissante des espaces), sont nombreuses à adopter ce mode de transport.
Découvrez pourquoi la livraison à vélo s’impose au-delà d’une simple tendance et comment elle incarne une réponse pragmatique aux défis de l’avenir en offrant une logistique plus agile, économique et respectueuse de l’environnement.
État des lieux actuel de la livraison à vélo
L’utilisation du vélo pour la livraison de marchandises connait une croissance fulgurante depuis la pandémie de COVID-19, qui a multiplié la demande pour les livraisons rapides et sans contact. Elle s’est démocratisée grâce au développement des plateformes de livraison comme Deliveroo ou Uber Eats, notamment en restauration.
Cette dernière est depuis volontiers soutenue par les politiques urbaines qui développent les infrastructures cyclables et la création de coopératives qui renforcent le modèle économique local de la livraison en deux-roues.
Aujourd’hui la livraison à vélo s’impose comme une solution incontournable face aux enjeux écologique, le besoin de réduire l’empreinte carbone de la chaine logistique du marché en ligne et les attentes des consommateurs.
Une adoption croissante de ce mode de livraison
Outre l’évolution des modes de consommation, l’essor récent de la livraison à vélo repose sur la combinaison de plusieurs facteurs :
- Les infrastructures cyclables se sont développées massivement. Un projet mis en place par l’État français qui porte ses fruits dans la capitale. Paris atteint bientôt les 1000 kms de pistes cyclables grâce au Plan Vélo. Il vise à rendre la ville 100% cyclable d’ici à 2026. Ces aménagements (pistes, stationnements sécurisés) favorisent dans les métropoles françaises la mobilité quotidienne aussi bien que l’expansion de la cyclo-logistique en milieu urbain.
- Les ventes de vélos électriques augmentent ces dernières années. Leur achat peut être soutenu par plusieurs aides financières mises en place par l’État et d’autres acteurs publics, permettant ainsi aux particuliers comme aux professionnels, d’adopter plus facilement ce mode de transport alternatif. En 2023, 671 000 vélos à assistance électrique ont été vendus dans l’Hexagone.
- Le boom de l’e-commerce nécessite des solutions logistiques durables et le vélo vient réduire l’empreinte carbone lié à la distribution. Les ventes sur internet sont estimées à 160 milliards d’euros en 2023 en France et ne prévoient pas de diminuer.
La livraison à vélo dépasse ainsi la simple tendance, elle se présente comme un pilier de la logistique urbaine durable.
Des grandes villes ou entreprises qui l’ont déjà adopté
La livraison à vélo doit également son essor au soutien des entreprises majeures en plus des collectivités locales de grandes villes.
Amazon, par exemple, a mis en place des micro-hubs dans plusieurs métropoles comme Paris, Lyon, et Marseille, où les livraisons du dernier kilomètre se font désormais avec des vélos cargo. Le géant de l’e-commerce prévoit d’investir plus de 250 millions d’euros dans la décarbonation de ses livraisons pour atteindre l’objectif de neutralité carbone avant 2040.
La Poste aussi investit dans la cyclo-logistique pour la livrer ses colis. D’ici à 2025, l’entreprise prévoit de commander au moins 1 000 vélos cargo supplémentaires.
En parallèle, Strasbourg et Bordeaux, pionnières dans le développement de la livraison à vélo en zone urbaine, se font emboiter le pas par Marseille, Lyon ou Nantes qui comptent un nombre croissant de coursiers ces dernières années.
En effet, la cyclo-logistique n’est pas seulement une solution écologique, elle répond aussi efficacement aux défis de congestion urbaine et de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Les avantages actuels de la livraison à vélo
La livraison à vélo offre plusieurs avantages significatifs pour les entreprises et les agglomérations.
D’une part, elle est écologique et rapide. Les vélos cargo émettent en moyenne seulement 62 grammes de CO₂ par kilomètre parcouru, comparativement à 465 grammes pour un utilitaire diesel sur la même distance. Elle respecte ainsi les normes imposées par les zones à faibles émissions (ZFE) et ainsi, fluidifie et apaise les zones urbaines.
Les cargos ou les bi-porteurs peuvent se faufiler dans la circulation, éviter les embouteillages et stationner facilement. Des avantages qui se traduisent par un délai de livraison rapide et efficace : un gain de temps, une optimisation des coûts et une satisfaction client assurés.
Leur flexibilité s’applique aussi en termes de taille et de charge transportée. Ils sont parfaitement appropriés pour le transport de colis légers et de taille moyenne.
Enfin, l’installation de hubs de micromobilité renforce cette adaptabilité permettant une distribution réactive et performantes des marchandises au cœur des métropoles.
L’arrivée de l’intelligence artificielle
L’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) est accueillie par de nombreux secteurs d’activités dont la logistique pour sous-traiter certaines tâches et en optimiser les performances. Elle est aussi bien utilisée dans la chaine opérationnelle que dans la gestion de la relation client permettant ainsi d’accroitre l’efficacité et la pérennité des services de livraisons du dernier kilomètre. Son utilisation pour la livraison à vélo permet :
- L’optimisation des itinéraires, grâce à l’utilisation d’algorithmes et de données en temps réel (trafic, météo, ZFE, imprévus…)
- La gestion prédictive des commandes, grâce à l’analyse des données passées (heures de points, jours spécifiques)
- La maintenance proactive des vélos : des capteurs connectés sur les vélos cargo, assistés par IA, permettent d’éviter les pannes et d’analyser l’usure des pièces
- Le suivi et sécurité des livraisons : l’IA suit en temps réels les colis et vélos, elle détecte les comportements anormaux ou suspects et identifie les zones potentiellement dangereuses pour les livreurs
- L’interaction avec les clients via des chatbots (ou assistants virtuels) pour gérer leurs demandes, mettre à jour le suivi de livraison et résoudre les problèmes rapidement.
- La réduction des émissions de carbone : l’IA modélise des scénarios qui optimisent la chaine logistique et réduisent l’empreinte carbone.
Ainsi, l’intelligence artificielle valorise les services de livraison à vélo les rendant plus performants, durables et innovants.
L’efficience des vélos et l’augmentation des charges transportées
Aujourd’hui, les cargos ont la capacité de transporter jusqu’à 300 kg et des volumes de 1,5m³, répondant ainsi aux besoins croissants d’acheminement en ville. L’ajout d’assistance électrique facilite le transport des charges lourdes, même dans les zones urbaines au dénivelé marqué, tandis que les innovations dans les matériaux garantissent solidité et légèreté.
Outre leur performance, les coursiers à vélos cargo surpassent les livreurs en véhicules motorisés en termes d’efficience énergétique et économique, consommant bien moins d’énergie et réduisant les coûts liés au carburant et à l’entretien. Intégrés aux hubs de micromobilité, ils permettent des livraisons dans des zones inaccessibles aux camions et peuvent remplacer jusqu’à deux véhicules utilitaires légers.
En occupant moins d’espace sur les routes et diminuant les émissions de CO2, ces vélos contribuent à fluidifier le trafic tout en transportant des volumes importants.
Les données et la technologie au service de l’optimisation
L’essor de la livraison à vélo repose sur l’évolution des capacités mécaniques autant que sur l’exploitation de données et de technologies avancées. En effet, grâce à des algorithmes pointus, les itinéraires sont réajustés dynamiquement en temps réel pour contourner les obstacles et ralentissements comme les embouteillages ou les travaux.
Par exemple, les plateformes de gestion centralisées suivent les flottes de vélo en direct. Elles répartissent automatiquement les commandes en fonction de la charge et des délais et peuvent s’appuyer sur des analyses prédictives pour anticiper les besoins futurs.
Les données recueillies servent à minimiser les kilomètres parcourus à vide et à améliorer l’efficacité énergétique, réduisant ainsi l’empreinte carbone.
Toutes ces innovations participent fondamentalement à optimiser les services de la cyclo-logistique vis-à-vis de la rapidité, des coûts et de l’environnement.
Les conditions climatiques qui se réchauffent
Le réchauffement climatique impose de nouveaux défis à la livraison à vélo. L’augmentation des températures moyennes expose les livreurs à des risques accrus de déshydratation et de coups de chaleur.
Il nécessite une adaptation des horaires, avec des tournées effectuées tôt le matin ou en soirée pour éviter les heures les plus chaudes. La fréquence des vagues de chaleur et des pluies intenses complique également la conduite, appelant à des équipements adaptés, comme des tenues imperméables ou des systèmes de refroidissement portatifs.
Face à ces enjeux, les infrastructures urbaines doivent évoluer pour devenir plus résilientes, avec des pistes cyclables ombragées, des abris et des points d’eau. Les technologies d’assistance, telles que les vélos électriques ou les capteurs de température corporelle, participent aussi à protéger les coursiers tout en améliorant leur efficacité.
En réponse à la crise climatique, ce mode de transport renforce sa pertinence en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et en participant à la décarbonation des zones urbaines.
Des métropoles comme Paris, Lyon et Bordeaux montrent l’exemple en adaptant leurs politiques urbaines pour favoriser les mobilités douces, tandis que les entreprises s’engagent dans des initiatives pour le bien-être des livreurs, avec des équipements spécifiques et des pauses régulières. Ces actions soulignent à la fois les défis et les opportunités pour ce secteur en pleine évolution.
Le développement des hubs urbains
Les hubs urbains, véritables centres de micrologistique situés au cœur des villes, jouent un rôle clé dans l’essor de la livraison à vélo. Ils regroupent et redistribuent les colis pour les livraisons du dernier kilomètre, réduisant ainsi les distances parcourues, les émissions de CO₂ et les congestions en centre-ville.
En centralisant les flux logistiques de plusieurs fournisseurs, ces hubs optimisent les itinéraires grâce à des algorithmes avancés et limitent les trajets à vide.
Des villes pionnières comme Paris et Lyon ont déjà intégré ces structures dans leurs politiques de cyclo-logistique, tandis que Bordeaux expérimente des hubs mutualisés pour améliorer l’efficacité des livraisons. Comme évoqué plus haut, de grandes entreprises telles qu’Amazon et Chronopost investissent également dans ces infrastructures, en partenariat avec les municipalités. L’objectif final est de promouvoir des solutions durables et réduire les nuisances urbaines.
Ces hubs, souvent équipés pour le stockage temporaire et la recharge des vélos électriques, contribuent à la création d’emplois locaux et à l’amélioration des conditions de travail des livreurs grâce à des points de repos et d’approvisionnement.
La progression des ZFE
Les Zones à Faibles Émissions (ZFE) sont des zones urbaines où l’accès est restreint pour les véhicules les plus polluants, afin de réduire la pollution atmosphérique et améliorer la qualité de l’air. En France, des métropoles comme Paris, Lyon, Marseille et Strasbourg ont déjà mis en place ces zones, avec des réglementations de plus en plus strictes prévues d’ici 2025.
Cette évolution réglementaire favorise l’essor de la livraison à vélo, notamment grâce aux vélos cargos électriques, qui offrent une alternative écologique et pratique pour le transport de marchandises en centre-ville. Des entreprises de logistique, telles que Geodis, adaptent leurs stratégies en misant sur le vélo et le fluvial pour assurer des livraisons durables dans les ZFE.
Par ailleurs, des aides financières sont disponibles jusqu’en février 2025 pour encourager l’adoption de vélos cargos, avec des primes pouvant atteindre jusqu’à 1 000 €, notamment pour les professionnels domiciliés dans les ZFE. Ainsi, l’expansion des ZFE stimule l’adoption de la livraison à vélo, contribuant à la transformation des pratiques logistiques en milieu urbain et à la réduction de l’empreinte écologique des livraisons du dernier kilomètre.
Prospective : que réserve l’avenir ?
Les prospectives de la livraison à vélo semblent prometteuses, mais elles s’accompagnent de nombreux défis et opportunités à explorer.
Du point de vue des évolutions réglementaires, l’anticipation des futures régulations sur les zones à faibles émissions (ZFE) et la gestion de la circulation urbaine pourrait jouer un rôle clé. Les villes, en particulier en Europe, adoptent de plus en plus des lois visant à réduire la pollution et à favoriser la mobilité douce, ce qui pourrait renforcer l’adoption de la livraison à vélo tout en imposant de nouvelles contraintes.
À cela s’ajoute l’émergence de nouveaux marchés : la livraison à vélo pourrait bien se développer au-delà des grandes métropoles pour toucher des villes de taille moyenne et même certaines zones rurales. Cette expansion serait rendue possible par l’adoption de modèles de livraison flexibles et l’augmentation de la demande en services rapides et écologiques.
Cependant, le secteur devra aussi faire face à l’impact des changements climatiques. Les conditions météorologiques extrêmes, comme des températures très basses ou des pluies torrentielles, représentent un véritable défi pour les livreurs à vélo. Les entreprises devront probablement investir dans des équipements spécifiques, comme des vélos adaptés et des vêtements de protection, tout en révisant leurs stratégies d’acheminement.
Les rôles des gouvernements et des collectivités seront également déterminants. Pour encourager la livraison à vélo, des mesures incitatives telles que des subventions pour l’achat de vélos cargo, des réductions fiscales pour les entreprises utilisant des véhicules à faible émission ou la création d’infrastructures dédiées (pistes cyclables, parkings sécurisés) deviendront indispensables. Ces initiatives permettront de stimuler la croissance de cette modalité de transport tout en contribuant à la transition vers des villes plus durables.
Pour des analyses approfondies sur le sujet, vous pouvez consulter des articles comme ceux sur l’avenir de la logistique urbaine ou les études sur l’impact des changements climatiques sur la logistique.
